
Le chocolat contient une quantité "non négligeable" de cadmium, un métal lourd aux effets nocifs pour la santé, avertit jeudi l'UFC-Que Choisir. L'association française de défense des consommateurs préconise de modérer sa consommation, en particulier chez les enfants.
Déguster dans la même journée deux biscuits fourrés Bjorg, un bol de Chocapic et une tasse de chocolat chaud apporte à un enfant de 10 ans "près de la moitié de la dose maximale quotidienne de cadmium" à partir de laquelle un risque sanitaire est possible, prévient l'association.
La valeur toxicologique de référence (VTR) de ce métal qui s'accumule dans l'organisme et expose à un risque accru de pathologies cardiovasculaires et de cancer a été fixée à "0,35 microgramme de cadmium par kilogramme de poids corporel par jour" par l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES).
Contamination massive
Au début juin, des médecins libéraux avaient alerté sur la contamination massive des Français — principalement les enfants et les femmes — au cadmium via des engrais phosphatés utilisés en agriculture, qui se retrouvent notamment dans les céréales du petit-déjeuner, le pain ou les pommes de terre.
Si les produits cacaotés mentionnés dans l'enquête d'UFC-Que Choisir respectent la teneur maximale réglementaire en cadmium d'après l'analyse réalisée par un laboratoire indépendant pour l'association en 2022, celle-ci explique à l'AFP que les consommateurs peuvent malgré tout "dépasser la dose journalière tolérable en consommant plusieurs produits contenant du cadmium dans une même journée".
Encore plus dans le chocolat bio
Selon l'enquête, une portion de 50 grammes de biscuits Bjorg fourrés au chocolat noir représente 20% de cette valeur toxicologique de référence chez un enfant, contre 8% pour un adulte. Cette part atteint 11% chez l'enfant et 5% chez l'adulte pour une portion de 46 grammes de Chocapic ou encore 17% et 7% pour 13,5 grammes de chocolat en poudre Poulain grand arôme intense 70% de cacao.
L'UFC-Que Choisir pointe la présence encore plus forte du cadmium dans le chocolat biologique et suggère de privilégier les tablettes biologiques "dont les fèves ne sont pas importées d'Amérique latine", car le cadmium est très présent naturellement dans certaines zones de production de cette région.
Une recommandation abaissée
Invité à réagir à propos du cadmium samedi dans l'émission Forum, David Vernez, professeur associé à l'Université de Lausanne et directeur du Département santé, travail et environnement à Unisanté, explique que le cadmium n'est pas un polluant nouveau, qu'il est connu de longue date et qu'on en trouve "partout": tabac, céréales, viandes, végétaux, ainsi que les crustacés et les poissons.
"Le cadmium a un effet sur le rein, dans lequel il se stocke volontiers, sur le foie. Il a aussi un effet sur les os puisqu'une partie ingérée peut terminer dans la masse osseuse. Il est aussi classé cancérogène avéré, mais pour le poumon, donc ça concerne plutôt les travailleurs et pas notre alimentation", détaille le spécialiste.
David Vernez revient aussi sur les chiffres de l'ANSES. "En fait, l'agence a abaissé ses recommandations à des seuils relativement bas. Cela vient du fait qu'elle a considéré un autre effet, qui est l'effet osseux. Cette recommandation vise à prévenir l'apparition à l'âge adulte d'une baisse de densité osseuse qui est un préliminaire possible de l'ostéoporose […] Le débat vient aussi du fait qu'on observe en France une augmentation du taux de cadmium dans la population. Elle n'est pas naturelle et serait liée à l'activité humaine et en particulier l'usage des phosphates dans l'agriculture."
Le spécialiste se veut finalement rassurant: "Ce qui est pointé du doigt, c'est l'excès et la durée. Donc, il faut en manger modérément".