L'arrivée de la viande créée en laboratoire pourrait bouleverser l'industrie carnée. Doit-on dès lors l'interdire en Suisse? La question agite les milieux agricoles. Quoi qu'il en soit, la coopérative Fenaco étudie actuellement le potentiel en Suisse de la viande synthétique.
Les changements que l'arrivée de la viande synthétique pourrait générer dans l'industrie carnée suisse font débat. Mais ils ne sont pas forcément rejetés. La coopérative agricole Fenaco essaie même de les anticiper en étudiant actuellement le potentiel que représenterait en Suisse la viande créée en laboratoire.
"Une approche prometteuse" selon Fenaco
Il s'agit d'"une approche prometteuse pour nourrir la population mondiale de manière durable", est-il écrit sur le site internet de Fenaco, qui envisage un futur où les agriculteurs produiraient eux-mêmes de la viande à partir de culture de cellules. La coopérative examine si son implantation dans notre pays est envisageable, notamment d'un point de vue économique.
Cette technique inquiète Pierre-André Page. L'agriculteur à la retraite et conseiller national UDC envisage de demander une interdiction et a interpellé le Conseil fédéral sur le sujet. Pour lui, il s'agit avant tout de protéger les consommateurs.
"Je crois que c'est important qu'ils sachent comment est fabriquée la viande de synthèse, puisque j'ai pu lire qu'on utilise beaucoup d'hormones de croissance dont on ne connaît pas les effets sur la population", a-t-il expliqué mardi au micro de La Matinale de la RTS. "Cela va beaucoup trop vite. Il y aura des effets secondaires qu'on ne maîtrise pas du tout. C'est pourquoi je voudrais attendre des essais plus sûrs avant d'utiliser cette technologie", poursuit-il prenant en exemple les OGM. "On les a interdits car on a vu qu'il y avait des effets qu'on ne connaissait pas."
Inquiétudes de la branche agricole
Ces questions inquiètent également l'Union suisse des paysans. Par ailleurs, son responsable de la production animale Michel Darbellay doute de l'utilité de cette technologie. "Consommer de la viande de synthèse qui a été cultivée dans des bio-réacteurs, dans des enceintes stériles avec des stimulateurs de croissance, ce n'est pas l'image et l'attente qu'ont la plupart des consommateurs", estime-t-il.
Selon lui, on serait plutôt dans la tendance opposée qui veut que l'on consomme des produits plus naturels, élaborés dans l'esprit du bien-être animal et du respect de l'environnement. "Je pense que la réceptivité du consommateur n'est pas aussi importante que certains veulent le croire face à des produits de synthèse dont on ne sait pas comment ils ont été élaborés", poursuit Michel Darbellay.
Et d'ajouter que la production de viande fait pleinement partie de la tradition suisse. "La viande et la production animale en général sont essentielles dans la production agricole également, dans l'aspect d'apports en éléments fertilisants pour les cultures. La production animale a un rôle important de valorisation des herbages. Tous ces éléments-là nous font croire que la production animale en Suisse aura un avenir", conclut-il.
A noter que la coopérative Fenaco n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet. Le Conseil fédéral va devoir, lui, se positionner à propos de la viande de synthèse. Chez nos voisins, le gouvernement italien a opté pour la précaution. Il a décidé fin mars de l'interdire.
Philéas Authier/fgn
Няма коментари:
Публикуване на коментар